C'est pas de la rigolade, on part ce matin pour Orzola.
300 habitants, manière de ne pas trop changer d'échelle avec les collines de La Piège. Un village de flux et de reflux toutes les 1/2 heures, passage obligé pour les baladeurs qui veulent faire leur petite excursion à La Graciosa, un paradis pelé chaud bouillant "très gracieux" comme son nom l'indique. Espérons que l'hôtel n'est pas trop près du port et qu'il n'y a pas de navette de nuit.
Irons-nous faire cette boucle ? https://www.visorando.com/randonnee-lanzarote-la-graciosa-boucle-sud/
Et si ce voyage n'était que virtuel ? Une vaste mystification de mon imaginaire survolté ?
Va savoir.
Sur ces îles, on pourrait rencontrer quelques monstres marins...
Je viens de terminer un roman singulier, les deux personnages, une sorte de climatologue humaniste et un vrai gardien de phare obtus, accompagnés par une vague sirène chanteuse fantasmée à "la peau froide, et douce", vivent isolés sur une île déserte de l'océan Antarctique et doivent se défendre contre les attaques nocturnes de petits monstres marins.
Un étrange récit imaginé par Albert Sánchez Piñol, auteur anthropologue catalan, " La peau froide" ActeSud 2007
Et si dans ces chaudrons de l’île de Lobos je trouvai trace de mes djinns préférés, Gaïa et Gahâlidé, de leurs ébats telluriques qui finalement ont des retombées économiques inattendus et d’une importance inouïe pour les autochtones qui vivent là. Sans eux pas de cratères, pas de puits pour faire griller les côtelettes, pas de tunnel pour loger la salle à manger de Manrique, pas de touristes et vacanciers nord européens.
Qui sait ? Peut-être vais-je les rencontrer en chair et en os ?
Bon, des djinns en chair et en os, ça ne le fait pas vraiment.
Alors, garde tes sens éveillés, on sait que tu dors peu.
Lanzarote, impression en noir et blanc. Depuis le hublot de l’avion, l’impression est assez saisissante, du blanc des villages, villes, zones de résidences de tourisme, au noir, gris et marron foncé de la lave, pas de végétation, le bleu de l’océan. Bon enchainement avec des bus confortables et rapides jusqu’à Orzola par une agréable route urbaine d’abord, côtière sans arbre ensuite, comme dans toute l’île. Cactus, figuiers de barbarie, aloevera à la pelle sur tapis de terre, sable, gravier, scories noires, murets de lave protègeant les cultures du vent. Tiens, pas de vent aujourd’hui.
Orzola, un « pueblo blanco » comme en Andalousie, ici en bord de mer, coincé entre une falaise de belle hauteur et l’océan Atlantique, entouré de scories volcaniques de toutes grandeurs, vielles de quelques milliers d’année, la dernière éruption dans ce coin aurait eu lieu il y a 5000 ans. Un village calme ou passent les touristes prenant le bateau toutes les demi-heures pour la isla Graciosa, qui ne doit pas l’être vraiment au réel, vu le nombre de marcheurs qui s’y retrouvent quotidiennement.
Village de toits plats, aux rues ensoleillées, écrasées de soleil veux-je dire, même en ce mois de janvier, et aux multiples parkings, sol noir de chez noir, tous envahis de véhicules garés là toute la journée pour cause de traversée en bateau vers cette gracieuse île déjà nommée. Mille véhicules de location.
Balade au milieu des scories difficiles à parcourir, quelques petites sentes de sable blond parsemées d’une maigre végétation, quelques traces de pas, des bornes blanches décrépites qui marquent je ne sais quoi, peut être une vague limite à ne pas franchir pour éviter les vagues, une liseuse, je veux dire une liseuse lisant sur sa liseuse et faisant semblant de ne pas nous remarquer, un couple, lui prenant des photos et vidéos d’elle toute en robe courte jaune, baskets jaunes et casquette jaune, sur fond de lave noire, peut être pour une vidéo sur la toile. Une belle scène, tiens mon Minolta est resté dans ce grand appartement avec balcon et deux chambres, trop grand pour nous deux mais très confortable.
Guy, il faut te remettre en mode voyage, l’appareil photo à la ceinture, prêt à dégainer
Face à l‘océan, aux îles proches, à la falaise du volcan Corona, le village derrière nous disparu, un vaste champ de lave propice à la méditation devant les flots bleus qui sont très calmes ici, derrière la jetée de sortie du port.
Un craquement, je me retourne, vais-je voir apparaître un de mes djinns ?