Dimanche 8
Pagan ou Bagan. Le royaume de...
On nous l'avait bien dit et on l'avait bien lu, ils sont partout, ils sortent de terre tous les 10 m ces fameux clochers bouddhistes construits du 11 ème au 13 ème siècle par le roi Anarawta, ou plutôt ses maçons "esclaves"... pour y caser les bouddhas ramenés de ses guerres et massacres divers. Certains sont rutilants de jaune d'or, d'autres dans leur jus, d'autres effondrés par le poids des ans, des guerres, des tremblements de terre. On en voit des joufflus, ventrus, maigrichons, arrogants ou discrets, aux bouddhas couverts de billets ou délaissés.
Que d'histoires derrière ces millions de vieilles briques rouges de Toulouse ou ce stuck vieillot reblanchi à la chaux.
Pagan, c'est un joyeux foutoir bouddhiste, capharnaum de klaxons, de tongs, de pagodes, de stupas, de moines oranges, de moinesses roses, de noix de coco, de bus débordants de touristes asiatiques, de calèches colorées, de tuktuks bien propres, de poussière, de bouddhas assis, debout, couchés, sur les murs, dans des niches, au plafond... 2000 pagodes ou stupas ou temples, si on estime à 10 bouddhas minimum pour chacun, celà nous donne donc 20 000 bouddhas sur ce site... sûrement bien plus.
Pour les pagodes c'est ici
Photo du jour : Bon, je vous la mets celle des spaghettis:
Lundi 9
Un choc des titans au lever du soleil
Les pagodes pointent leurs stupas devant le soleil qui se lève, tels des monstres sortis de la brume, édifiés par un peuple de croyants qui prêche la compassion et la simplicité, soudains survolés par des monstres gonflés à blocs, symboles d'une société hyperlibérale peu ruisselante, à l'opposé. Contradictions de notre monde évidentes ici comme ailleurs. Une situation assez ubuesque pour ces photos qui parcourent le monde d'un Bagan sous les brumes matinales dominées par ces gros ballons joujoux couteux, monstres de papier semblables aux cerf-volants dragons des ciels asiatiques, colosses vulnérables, monstres au pieds d'argile qui peuvent s'enflammer à tout moment... Pour voir çà c'est ici, j'ai renoncé à vous montrez mes photos persos prises à terre...
Des bouddhas éveillés rigolards.
Mardi 10
Photos. Les Birma·nes aiment les photos, se laisser photographier ou photographier les touristes qui ont un physique différent, inhabituel pour eux ( cheveux, barbe, yeux, taille...), on se prète au jeu quand il passe. C'est rigolo et çà crée un moment convivial.
Ainsi nos photos ne sont pas volées mais voulues.
Les fresques: dans de nombreuses pagodes, pas éclairées, très protégées, dignes de tous les motifs des sites européens chrétiens, dans un mauvais état de conservation, souvent très dégradées, mais des joyaux se révèlent sous la faible lueur des lampes frontales et de quelques éclairs photographiques. Pour les fresques c'est ici.
Bouddhas : j'ai dit plus haut "10 en moyenne par stupas" Erreur, grossière erreur, j'aurai dû dire 100 ou 1000 ou 10000, on ne sait plus trop, y-en-a partout ! Cette religion, à l'inverse de sa concurrente principale qui tue si on montre son prophète, se répand que c'en est incroyable !
Des milliers de statues, des bouddhas, des disciples, des nats (génies, troils) , sculptées, moulées, peintes, dans des niches, des petites, des grandes, des géantes... un jeu de répétition infini.
Ici, célébrer le Bouddha est dans les gènes. Un bouddha toujours très asexué, androgine, bisexe ou bigenre, on ne sait pas vraiment, les représentations sont très ambivalentes, sans effets de genre dominant, mais les hanches du boudda sont bien larges... Quoi, un dieu féminin caché sous cette épaule dénudée ?!
Le tout accompagné de milliards de feuilles d'or collées sur le stuck ou des plaques de cuivres, et de billets dans de grands aquariums baignant au pied des autels: fièvre de dieu, fièvre de l'or, fièvre de billets...
Pour la fièvre de l'or c'est ici
Encore des sourires:
Mercredi 11
Aung, notre guide d'un jour (23 ans) compétent et agréable, parle bien le français appris en 4 ans d'université, et nous initie aux mille détours de ces tours du bouddhisme que sont les pagodes birmanes (pagode = temple+stupas). Il raconte des histoires bouddhistes, birmanes, il explique la société, il répond à nos innombrables questions. il nous amène dans les lieux à touristes sans grande insistance ni volonté intrusive. Une bonne journée en sa compagnie.
Et celle là tu la connais: Un chien chasse un éléphant qui s'assied sur un trou de serpent. Le serpent ne peut plus sortir, furieux il mord l'éléphant, qui donc, meurt en bloquant le trou et donc le serpent se meurt aussi. Le chien peut alors manger l'éléphant (du moins un peu) mais le venin tue aussi le chien.
La moralité c'est que quand t'es pas solidaire et tu tues ton voisin, c'est pas rigolo.
Chagrin d'amour: ici les témoins d'un drame récent:
Jeudi 12
Aujourd'hui, on se repose un peu des pagodes.
Manifestation de soutien à Haung San Suu Kyi, chef d'état qui défend la Birmanie dans le procès de génocide engagé par la Gambie au nom des états musulmans de l'ONU devant la Cour Pénale Internationale.
Du bruit dans la rue devant l'hôtel, la manifestation passe, bien alignée, encadrée. Etudiants, travailleurs, etc sont là nombreux, obligés ou volontaires, on ne sait pas vraiment. Hier, notre guide parlant français a expliqué la position gouvernementale: terrorisme et réfugiés du Bangladesch... En fait les Royengas n'existent pas en Birmanie car ils n'ont pas de terre, et cette société multi ethnique est basée sur les territoires. Bon, l' Arakan est aussi riche en pétrole semble-t-il et les généraux birmans sont pas des tendres.
Une situation difficile à comprendre.
Mais dans le Monde, les réfugiés sans terre sont partout dans notre histoire, ancienne, contemporaine et peut-être surtout à venir.
Beaucoup aussi meurent à notre porte dans cette mer Méditérrannée si bleue... qui accusera un jour la France, l' Italie, l' Europe ?
Haung San Suu Kyi est en portrait géant, souriante et paisible sur les grandes affiches aux carrefours, le moine faciste W aussi, peu souriant et pas paisible du tout derrière ses lunettes noires... accepter un compromis avec l'armée pour faire barrage au bouddisme extrémiste que prêche ce moine avec un certain succès. Daesch est -il présent ici comme disent certains... En savoir plus ici
Il est temps aussi de s'intéresser à la situation des travailleurs des temples toujours très propres dans un environnement extérieur très sale... On n'est pas prêt de résoudre la question de l'environnement c'est sûr et ici, les zébus auront bientôt à s'adapter, croquer du plastique ou mourir ! Bon, j'exagère un peu, mais le site n'est pas très propre, franchement sale à certains endroits, les ordures peu ramassées apparemment, les bords de routes pas entretenus...
Pour le ballet des balais (1) c'est ici
Défilé à New Bagan
Vendredi 13
Hôtel Central Bagan - 25€ avec pdj. Bien. Service gentil, moyennement efficace.
Grande gentillesse, courtoisie, amabilité affable dans cet hôtel en brique plaqué en pierre et bois de teck massif à la déco toute en peinture classique anglo-française. Noman, le manager se plie en 4 pour déméler les petits tracas de notre vie quotidienne et rendre agréable notre semaine de "pagodas", tuktuks, adresses, voiture pour le Lac Inlé... Un séjour agréable dans cet établissement à deux pas des restaurants qui pullulent dans le coin. Fried rice, soupes aux vermicelles et noddle s'y succèdent avec poulet ou porc généralement, on trouve aussi pas mal de cuisine européenne internationale. Mes préférés à ce jour : les salés sucrés de "potatos" avec viande ou pas, la salade de feuille de thé (je vous la recommande). Tout çà c'est plein des saveurs asiatiques, chinoises, thaïlandaises, birmanes.
Petits-déjeuners pour tous les goûts, des salés ( soupe, vermicelles, samosas, nèms, riz ...) aux sucrés ( pain au raisin, toast, beurre, confitures, pastèques, ananas...)
Cargaison de moines:
Samedi 14
Route Bagan à Kalaw, Lac Inlé
La route est très agréable le matin, en plaine semi-cultivée, plus dure l'après-midi , montagneuse avec de nombreux travaux d'élargissement, cahoteuse et poussiéreuse. Le chauffeur de la toyota ne cesse de passer de la climatrisation à l'ouverture des fenêtres tout au long d'une conduite parfois un peu hasardeuse, tordue selon un principe birman bien connu: "pourquoi faire simple si on peut faire avec le sourire..." Ici, on roule à droite comme dans beaucoup de pays du monde, seulement, le volant des voitures est aussi à droite... Bon, j'ai hérité de la place du passager, délaissée par mes compagnons de voyage, ce qui fait de moi un co-pilote émérite chargé de prévenir les dépassements fréquents face à des camions longs de 50 ms au moins et lancés avec furie sur cet asphalte changeante, douteuse, empoussiérée.
On arrive à bon port comme prévu. No probleme, gogogo disait le driver...
Après avoir croisé:
- des pagodes et des bouddas assis, couchés bien entendu.
- des palmiers à sucre, dont la sève fournit matière a bonbons et alcool, vendus sur les bords de route dans des grandes cabanes de bambous aux toits de feuilles de palme.
- des champs de maïs, de sésame, de tournesol , des rizières sèches ou mouillées, des choux à la toque, etc.
- des forets de bambous, de tecks, de tamarins, et autres inconnus locaux.
- des plaines, vallées, collines, montagnettes.
- une voie de chemin de fer avec des passages à niveaux manuels.
- un marché rural, vaste et achalandé, plein de couleurs, d'odeurs, de voix birmanes, de hauts parleurs vibrants sur des vélos ambulants...
- des camions à la toque, longs comme des jours sans pain...
- un restaurant birman local ou je mange le menu inconnu pris par le chauffeur: du poisson agrementé de nombreuses petites choses inconnues à mettre dans le riz avec la sauce... ( pas malade...)
- des rivières et des lacs artificiels
- de l'eau courante à profusion dans des gros tuyaux bleus
- des lavages de véhicules entre deux trouées de poussière...
- des extraits réguliers de "Madmax" aux héros asservis au goudron à main...
- des machines puissantes, excavatrices, pelleteuses, goudroneuses, niveleuses... à la main ou à la machine, cette route de Kalaw est en train de doubler de surface.
La région est fertile, Kalaw,à 1200m d'altitude, ancienne ville de villégiature anglaise, aujourd'hui birmane, est à l'entrée de la vaste plaine du lac Inlé, une région agricole et touristique très riche.
Le monstre de Kalaw.
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