Je ne devais pas être seul à ignorer quasiment l’existence de Luang Prabang seconde ville du Laos après la capitale Vientiane, ville historique de l’Indochine française qui avait trouvé là à la fois un carrefour commercial et un lieu de villégiature agréable au pied des montagnes. Depuis ce temps là, beaucoup d’eau a coulé dans le fleuve Mékong qui longe la ville et Luang Prabang, protégée à minima par son classement de la vieille ville au tableau d’honneur de l’UNESCO est devenue une destination touristique prisée par les européens qui visitent cette région d’Asie et par les touristes venant de Chine, à peine à quelques heures de route, ou de la zone Pacifique.
Aussi la rue principale de la vieille ville et quelques rues adjacentes ressemblent-elles aujourd’hui à de nombreuses autres rues de villes touristiques internationales, clientèle cosmopolite et de tous âges, des backpapers de 20 ans à nous, jeunes retraités, boutiques de souvenirs, vanneries, tissages, poteries authentiques des ethnies locales, ou fabriqués en Chine ou en Thaïlande, cafés, restaurants à la cuisine du monde, hôtels plus ou moins étoilés, maisons d’hôtes plus couleur locale, marchés de jour et marchés de nuit rythmant les journées indolentes, chaudes, où il fait bon manger à l’ombre des grands arbres qui bordent le fleuve.
Cette longue rue bordée sur un côté d’anciennes façades coloniales rénovées grâce aux plans UNESCO et de l’autre par une succession de temples, pagodes ou monastères colorés et variés, logés dans des cours ombragées et fleuries où il fait bon s’arrêter un moment. Le fleuve est tout proche et quelques rues piétonnes, laissant la place seulement aux motos y mènent.
Au-delà de la vieille ville qui vit du tourisme, les autres quartiers s’étalent le long du fleuve et de la rivière Nam Phan qui s’y jette, quartiers résidentiels ou d’activités comme celui du Phousy Market, poumon commercial de la ville, un immense marché asiatique qui regroupe l’ensemble de ce qui peut s’acheter ou se vendre. Un bon fouillis ordonné par catégories, légumes et fruits, vêtements, épicerie, bimbeloteries, téléphonie, électronique, motos, etc.
Entre les deux, le Mont Phousy, sacré, domine la ville et l’ancien palais royal devenu musée bien ordonné des affaires royales, trop classique et si peu actuel qu’il n’attire qu’un public de groupes amenés là par des agences locales ou en voyage asiatique. Le bouddha « important » de la belle pagode d’entrée constitue le but principal de la visite pour la plupart des visiteurs.
Comme tout le Laos (et l’Asie) Luang Prabang est empreinte de tradition et culture bouddhique Theravada qui a traversé les bouleversements de l’histoire, guerres, conquêtes, révolutions, dictatures royales, militaires ou socialistes, et ici on rencontre fréquemment aujourd’hui la faucille et le marteau près de l’illustre éveillé ou de ses temples datant pour certains du 14 ou 15ème siècle, signe que, malgré quelques vicissitudes, il n’y a jamais eu de pouvoir réel sans alliance avec le religieux, la hiérarchie des moines qui mendient alignés tous les matins leur pitance du jour devant des femmes agenouillées la cuillère de riz à la main…
Sa situation géographique centrale entre la Chine et l’Inde la place au cœur des stratégies de développement de la région dite du « grand Mékong, en fait l’ASEAN, qui fait du Laos un « double corridor de communication » reliant le delta du Vietnam et le Cambodge, Thaïlande au Sud à l’Inde au Nord, La Chine à l’Est et la Birmanie, Golfe du Bengale à l’Ouest. De fait nous avons croisé de grands travaux routiers ou ferroviaires à de nombreux endroits de ces deux axes et à d’autres de larges autoroutes en service depuis peu.
La nouvelle route de la soie d’Asie du Sud-est avance à grand pas, poussée par les majors, Chine et Inde.
Luang Prabang, Laos, on t’aime bien, dommage que tes abords soient si sales du plastique de tes multiples emballages et que tes égouts soient par trop odorants.
En savoir plus : Le Laos au XXIème siècle. Institut de recherche sur l’Asie du Sud-est contemporaine : (libre accès) https://books.openedition.org/irasec/1449